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  • Photo du rédacteurSéverine Daniel

Interview du directeur de l’Institut de Neurocognitivisme, Jean-Louis Prata qui nous parle QVT

Dernière mise à jour : 24 janv.

L’Approche Neurocognitive et Comportementale » (ANC), fondée par Jacques Fradin, repose sur 30 années de recherches pluridisciplinaires et se présente comme « une approche opérationnelle pour comprendre le fonctionnement de l’humain afin de l’aider à s’adapter au changement, gérer émotions et motivations, développer la confiance en soi et résoudre les dysfonctionnements vécus en organisation. »


C’est un modèle de compréhension et de gestion des comportements, aux niveaux individuel, relationnel et organisationnel.


Séverine Daniel, fondatrice de Happylot et formée à cette approche, a interviewé pour nous le directeur de l’Institut de Neurocognitivisme, Jean-Louis Prata (1).


Quels sont de votre point de vue les principaux apports des sciences cognitives et comportementales en faveur de la qualité de vie au travail (QVT)?Jean-Louis Prata. Pour comprendre la QVT, il faut bien sûr s’intéresser aux conditions de travail, mais aussi et surtout à la perception subjective qu’en ont les collaborateurs. Or c’est le cerveau qui opère cette perception subjective. En conséquence, les sciences du cerveau et du comportement sont très éclairantes. L’Approche Neurocognitive et Comportementale (ANC) permet de mieux comprendre et d’agir à 5 niveaux contributifs à la QVT : la motivation, la communication interpersonnelle, le fonctionnement de l’organisation, la prévention du burn-out et la prise de recul.


La motivation et la qualité de vie au travail sont donc liées ?Jean-Louis Prata. L’ANC éclaire la compréhension de la motivation, en permettant d’identifier ses propres sources de motivation profonde, que l’on appelle motivations primaires, et de les différencier de nos motivations secondaires. Nos motivations primaires correspondent à tout ce que l’on fait pour le plaisir de faire, qui nous ressource quand on est fatigué, voire qui nous épanouit. Nous ressentons du plaisir à accomplir ce qui correspond à nos motivations primaires et sommes peu sensibles au risque d’échouer. A l’inverse nos motivations secondaires sont drivées par un besoin de résultat ou de reconnaissance. Prenons l’exemple d’un commercial qui a une motivation primaire dans le plaisir de la relation et de l’échange : il sera aussi engagé et motivé dans son activité commerciale face à un client chaleureux que face à un client froid. En revanche si sa motivation est secondaire, l’entretien avec un client froid sera vécu comme une expérience désagréable nuisant à sa perception de QVT. En pratique, s’assurer dès le recrutement d’une bonne adéquation entre les motivations primaires de la personne et sa fiche de poste est un facteur clé de QVT.


On sait que la qualité relationnelle entre collaborateurs est un facteur clé de la QVT. Qu’est-ce que l’ANC apporte de plus dans ce domaine ?Jean-Louis Prata. L’ANC apporte des clés pour comprendre finement ce qui se joue dans les relations interpersonnelles lorsqu’elles sont tendues ou conflictuelles, et de disposer de méthodes ciblées pour pacifier les relations et contribuer à une ambiance agréable. Avec des techniques de gestion relationnelle du stress, on va pouvoir adapter sa communication à l’état de stress de l’autre – selon qu’il soit inquiet (en fuite), en colère (en lutte) ou découragé (en inhibition), et ainsi contribuer à l’apaisement du stress de son entourage en adoptant une attitude adéquate. Avec les techniques de gestion relationnelle des rapports de force, on va savoir comment se comporter avec un collaborateur ou un manager toxique pour se protéger de ses tentatives de manipulation et de déstabilisation, tout en préservant la relation.


Vous parlez du fonctionnement de L’organisation, appelé aussi L’ergonomie des Fonctions : Que quoi s’agit-iL exactement ?

L’ANC intègre un volet « biosystémique » qui s’intéresse à l’interface entre l’organisation et l’individu. Il définit des principes fondamentaux, applicables à toutes les formes d’organisation, qui sont essentiels pour la QVT.

Exemple : « la boucle des pouvoirs et des responsabilité » remet au goût du jour le principe comportemental de responsabilité de ses actes et décision. Une organisation qui veut optimiserson efficacité et la QVT veillera à aligner, à tous les niveaux de l’organisation, les pouvoirs délégués et les responsabilités assumées. Lorsqu’une personne porte la responsabilité d’un objectif sans disposer des moyens de décision

et d’action, sa vie au travail devient difficile car elle « paye » pour les décisions des autres. Corolaire, lorsqu’une personne dispose de pouvoirs de décision sans porter la responsabilité des conséquences, le système l’incite à des comportements irresponsables.


Comment l'ANC appréhende le burnout ?

Le burn-out, dont on connait les lourdes conséquences pour une personne qui en est victime, est très souvent précédé par une phase de « surinvestissement émotionnel ». On est surinvesti dans une activité avec un plaisir quasi addict mêlé

à une crainte extrême d’échec, et avec le sentiment de ne jamais en faire assez ou de ne jamais faire assez bien. L’ANC définit le surinvestissement émotionnel comme un mécanisme de compensation de comportements que l’on s’interdit d’avoir et que l’on dévalorise. Grand classique dans notre culture judéo-chrétienne, l’interdit sur l’estime de soi peut entrainer un surinvestissement dans des activités permettant d’obtenir l’estime des autres. Un travail comportemental de libération de l’interdit, dans notre exemple va permettre de s’autoriser l’auto louange et se mettre à l’abri du risque de burnout.


Le 5ème facteur de QVt que vous avez abordé est la capacité de Prise de recul, forme de résilience : en quoi cette capacité contribue-t-elle à la QVT ?

Quelle que soit la bonne volonté des dirigeants pour créer des conditions de travail agréables et motivantes, les collaborateurs sont soumis à des situations potentiellement stressantes ou démotivantes : qu’il s’agisse de difficultés relationnelles avec des clients ou des collègues ou plus généralement de l’incertitude et de la complexité à laquelle chacun d’entre nous est confronté, la

vie professionnelle est jalonnée de moments difficiles. L’ANC nous éclaire sur nos capacités d’intelligence adaptative permettant de vivre sereinement les inévitables situations de tension auxquelles nous sommes confrontés en pratiquant des méthodes accessibles aidant à mobiliser à la demande notre capacité de prise de recul.


(1) Depuis 2006, Jean-Louis Prata dirige le pôle innovation / R&D de I’IME Conseil et de l’Institut de Neurocognitivisme

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